Dans la peau d'un Re'Cyclist

Vie étudiante
le  6 mai 2021
Retrouvez l'interview de Gaétan Jung, élève-ingénieur porteur du projet "Re'Cyclist"

Re'Cyclist est un projet mené par Gaétan (Polytech Grenoble) et Jules (Polytech Sorbonne) et dont l'aventure a commencé le 1er mars 2021. Le but ? Parcourir la France à vélo à la rencontre de diplômé.es et étudiant.es du réseau Polytech. Ce voyage est pour eux, un temps de réflexion sur la position de l'ingénieur.e face aux enjeux écologiques mais aussi un moyen d'apporter des réponses pour pouvoir accorder vie professionnelle et vie personnelle avec leurs convictions écologiques. Après quelques semaines de voyage, Gaétan revient sur son projet et nous partage son expérience :

Comment vous est venu l’idée de faire un tel projet ?

L’idée m’est venue juste avant le premier confinement. Après avoir appris que mon stage à l’étranger était annulé, j’ai eu envie de voyager et de me sensibiliser à l’écologie. J’en ai parlé à mon ami Jules et il a adoré l’idée. Au départ j’avais pensé à plusieurs manières de voyager comme faire le tour des écoles Polytech en stop, mais je suis finalement resté sur le voyage à vélo, une manière de voyager que je ne connaissais pas encore.

Comment avez-vous organisé votre parcours ?

Nous sommes très attachés au réseau Polytech et nous voulions passer dans les villes de chaque école pour rencontrer et échanger avec les étudiant.es et les diplômé.es. Notre parcours s’est donc fait en suivant les écoles du réseau Polytech.

Cette aventure vous donne-t-elle envie d’étendre le projet à d’autres pays ?

Jules n’a que 6 mois de césure, et va donc faire son stage après le projet, mais moi je vais continuer à voyager, sûrement à vélo et en Europe, puisque le voyage à vélo est très addictif ! Idéalement j’aimerais continuer à me renseigner sur des initiatives écologiques, et également partager cette expérience et échanger avec des étudiant.es partout où j’irai.

Depuis combien de temps êtes-vous engagé dans la cause environnementale ?

Je n’ai jamais été vraiment engagé, je me suis pour l’instant simplement beaucoup renseigné, et ai toujours été sensible à ce sujet sans vraiment trouver de manière de m’engager. D’où ce projet pour rencontrer des gens qui ont fait face à cette même problématique pour qu'ils puissent partager leurs points de vue. Nous recensons les différentes manières que les gens ont de s’engager, pour à notre tour, savoir comment s’engager dans notre vie professionnelle et personnelle, tout ça en le partageant aux étudiant.es et autres personnes qui nous suivent pour avancer ensemble dans la réflexion.

D’où vient le nom « Re’Cyclist » ?

Au départ nous avions une centaine de noms, et le projet n’était pas encore très précis. Nous avons fini par choisir « Re’Cyclist », un jeu de mot avec « cycliste » et « recycler » qui est la première action citoyenne à laquelle on pense en matière d’environnement.

Que conseilleriez-vous aux étudiant.es qui auraient un projet mais qui n’osent pas l’entreprendre ?

Il faut être têtu. Tant que rien ne t’empêche de faire aboutir ton projet, il faut continuer à avancer dessus. Nous-même nous pensions que notre projet n’allait pas se réaliser, que cela allait être impossible. Au final, la césure a été validée, nous avons demandé des sponsors et nous étions étonnés qu’ils nous soutiennent dès le début du projet. Il faut avant tout avancer pas à pas. Entreprendre un projet nous permet de gagner des compétences, qu’il aboutisse ou non.

Comment percevez-vous cette année de césure ?

Je ne pensais pas que prendre une année de césure serait aussi facile et bénéfique. Les diplômé.es m’ont partagé leurs expériences, ce qu’ils ont fait mais ce qu’ils ont regretté aussi. Cela m’a réconforté dans l’idée que rien n’est définitif, on peut changer de directions autant de fois que l’on souhaite au long de notre carrière. Je me pose également des questions que je ne me serais jamais posé sans cette césure, sur la vie que je veux pour les prochaines années, le métier que je veux, et je suis vraiment acteur de mes choix. Mes possibilités pour l’après-césure sont encore infinies.

Grâce à toutes les rencontres que vous avez faites, avez-vous des idées d’actions ou activités écolos à mener au sein de vos écoles ?

On a pu rencontrer pas mal de clubs dans les écoles du réseau Polytech. Les débats qui sont habituellement menés sont freinés depuis la crise sanitaire, mais ils se projettent tout de même dans des projets au sein de l’école. C’est des échanges toujours très intéressants puisque nous nous posons les mêmes questions. Beaucoup d’actions se font dans les clubs et associations DDRS du réseau, comme le « Guide du Poly’écolo » et le don d’ordinateurs en Afrique du BDHE de Polytech Nice, ou encore les masques faits maison de PolyGreen à Marseille.

Quelle rencontre vous a le plus marqué ?

Je pense que c’est la première rencontre qui m’a le plus marqué. C’était un diplômé de Nice qui s’est aujourd’hui éloigné du domaine de l’ingénierie pour s’engager dans diverses associations d’éco-lieux. Il nous a accueilli au jardin du petit Pessicart en plein Nice, un éco-lieu qui accueille de nombreuses initiatives écologiques, qui est un réel terrain d’expérience pour la permaculture, et qui est également une école pour les enfants. C’était une magnifique rencontre humaine, on s’est bien marré à ses côtés !

Avez-vous des anecdotes à nous raconter ?

On n’avait jamais campé auparavant, donc les premières installations ont été un peu compliquées ! Le couvre-feu a aussi été un véritable challenge pour nous. Il fallait trouver un campement et installer la tente rapidement avant 18h. Parfois on se retrouvait à 3 mètres de la route pour camper ! Par ailleurs on n’a pas encore connu la pluie ou l’orage mais on a quand même hâte d’expérimenter cette difficulté !

Décrivez-nous une journée type d’un Re’Cyclist.

Les meilleures journées sont celles à vélo, j’aime vraiment le côté « vacances » du trajet. Concernant la journée type, on se réveille le matin avec le lever du soleil, on fait la vaisselle dans un lac, on plie bagage et on part à 10h30. On roule jusqu’à 14h puis on fait une pause dans un village du coin. On y rencontre des personnes bienveillantes et très accueillantes et on en profite pour manger des spécialités du coin. Ensuite on repart et on cherche un coin paradisiaque pour camper à l’approche du couvre-feu. On installe le campement, on mange une énorme quantité de pâtes et on se couche.
Lorsqu’on s’arrête dans une ville, c’est généralement pour 2 jours. On rencontre des initiatives écologiques, on fait un peu de montage vidéo et de la communication avant de repartir. Concernant nos téléphones, caméras, et autres appareils électroniques, on utilise des panneaux solaires pour les recharger et on peut brancher nos ordinateurs grâce aux personnes qui nous aident sur place, ou des prises sauvages présentes dans les villages.

Avez-vous eu l'aide de sponsors pour cette aventure ?

Nous avons réussi à avoir 4 sponsors, le premier étant Naturavélo, un magasin de vélo au coin de ma rue. Nous avons pu avoir un financement de 400 euros et des remises nous ont permis d'acquérir nos vélos et du matériel moins cher. Cela nous a permis d’acquérir nos vélos et du matériel moins cher. Nous avons ensuite Picture, une marque d’habits qu’on adore depuis longtemps et qui nous ont gentiment aidés en nous donnant des accessoires. Les autres sponsors Kalas et SquirtLube nous ont donné des habits et du matériel techniques pour le vélo. Le reste du financement a été possible grâce au financement participatif qui a très bien marché, et également des apports personnels, via mon prêt étudiant que j’avais prévu initialement pour mon départ à l’étranger.

Publié le  6 mai 2021
Mis à jour le  7 mai 2021